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Bilbo Le Hobbit

Chapitre 8 : Mouches et araignées

Par Eleglin (Y.H.)
mise à jour : 10.08.2008

Plan de l'article

Résumé du Chapitre

Bilbo et ses nains se retrouvent livrés à eux-même dans Mirkwood, cette très sombre et très inquiétante forêt périlleuse et enchanteresse, envahie par les maléfices et abritant une colonie de charmantes, très charmantes araignées mangeuses d'hommes. Ils doivent suivre un sentier qui devrait les mener, d'après Beorn et Gandalf, à l'orée de la désolation de Smaug.
Bien qu'en pratique, le voyage s'avère être bien moins simple et bien moins agréable que cela. Pas de sources potables, pas de nourriture comestible. Et les vivres de Beorn ne tardent pas à s'épuiser...

De plus, Bombur qui est tombé dans l'eau a été pris d'un étrange sortilège qui l'a endormi ; les nains doivent donc porter son corps pesant pendant plusieurs jours, jusqu'à ce qu'il se réveille enfin.
Affamés, assoiffés et découragés, nos nains finissent par apercevoir les lumières d'un banquet d'elfes des bois. Hélas ! Les elfes disparaissent à chaque tentative d'approche des nains. Et jouant de malchance, nos amis s'éloignent du sentier et finissent par être capturés par les araignées géantes qui peuplent cette sombre, très sombre forêt.

Bilbo est le seul à ne pas être capturé et, à l'aide de sa petite épée et de son anneau, il délivre tous les nains par sa seule ruse et sa seule force. Comme quoi, il y a bien plus dans ce hobbit qu'il n'y parait, comme l'a prédit Gandalf.

Ainsi, tous les nains sont libres.
...

Tous les nains ?
Non, car d'irréductibles elfes ont fait prisonnier Thorin avant l'attaque des araignées et, comme il est têtu, Thorin refuse de répondre aux questions de leur Roi.

Au moins est-il bien nourri, contrairement à nos autres amis qui sont toujours perdus dans cette sombre et inquiétante forêt...


Introduction

Moi qui aime les petites promenades dans les bois, je dirais que j'ai frissonné sous ma couette. Imaginer cette forêt sombre avec ses "yeux" qui nous observent... brrr... je sens mon côté hobbitesque se réveiller.

C'est aussi un chapitre essentiel :
— Bilbo se révèle être un aventurier tout à fait inattendu, qui n'hésite pas à brandir sa petite épée pour sauver ses compagnons.
— La rencontre maladroite avec les elfes sera la cause de plusieurs malentendus avec les nains.

Eleglin.

Mirkwood, la forêt noire classique

Que ce soit dans Bilbo, dans la Völsunga Saga (pour Siegfried ), la forêt est toujours un endroit sombre, peuplé d'esprits malins, et on ne peut la traverser que par un sentier. On peut voir cette traversée comme un symbole de la quête intérieure du héros; celle qui lui permettra de se révéler à lui-même.

Cette forêt noire où se retrouvent les nains & Co exprime un sentiment d'oppression, presque de claustrophobie. Rajoutant à cela certains épisodes, comme par exemple lorsque Bilbo grimpe à un arbre pour voir où se trouve la fin de la forêt ; il ressent la liberté, le soulagement de respirer de l'air frais, de l'air pur d'une certaine façon. Puis c'est le désespoir, rien à l'horizon, pas de sortie. Et la « redescente aux enfers » près des autres nains.
La compagnie est sur le fil du rasoir, affamée, épuisée, menacée par les araignées et autres « choses », et « hantée » par la présence de somptueux banquets.

Historiquement, on a deux visions de la forêt : chez les Anglo-saxons, les forêts sont des lieux dangereux et hantés. Chez les Celtes, au contraire, la forêt protège et est vénérée. Ceci s'explique par l'invasion de l'Angleterre par les Angles et les Saxons, pilleurs qui massacraient les peuples d'origine (les Celtes) et ces derniers qui prenaient le maquis dans la forêt. D'un côté, les Celtes se réfugiaient dans la forêt et se faisaient hors la loi. De l'autre côté, Les Angles craignaient les forêts, car ils s'y faisaient attaqués par les Celtes.

Eärwen & Eleglin.

Araignées du matin, chagrin...

La rencontre avec les araignées est assez angoissante. Leur irruption dans le récit, même si ce n'est pas tout à fait inattendu, a le don de faire bondir le lecteur de son petit fauteuil moelleux, où il commençait à somnoler...

Ces araignées semblent malignes et surtout peu enclin à un combat pur et dur. Elles prennent les nains par surprise et Bilbo manque de subir le même sort à cela près qu'il se réveille.
Puis, on s'aperçoit que, comme toutes araignées qui se respectent, il n'y a que la boustifaille qui compte ! Elles se laissent berner par le petit hobbit et ses provocations, puis finissent par se replier.

L'arachnophobie est un sentiment courant et les hommes ont souvent donné le mauvais rôle aux araignées dans leurs mythes et légendes. On peut citer Kali la Noire, tueuse assoifée de sang, avec ses huits bras.
L'araignée hante nos cauchemars, répugnante et vorace. On a quelques exemples où elle a joué un rôle positif : elle passe pour avoir inspiré Robert Bruce, héritier du trône d'Écosse ou pour avoir protégé Mahomet en tissant une toile devant la caverne où était réfugié le prophète.

Ce passage nous offre aussi l'occasion de découvrir une autre chanson très amusante : «Lob la molle et Cob la folle», petite chanson en forme de comptine qui est assez légère et souligne le caractère héroïque de Bilbo qui s'en va en guerre contre ces géantes araignées en scandant des vers à l'improviste.

Eärwen & Eleglin

La révélation

Bilbo, après avoir tué "son" araignée tout seul, commence à croire en lui, et les faits qui vont suivre cela ne feront qu'ajouter à cela. Cette fois, il s'en sort tout seul, sans l'aide de nains ou du Mage et ça change tout pour lui. Il devient enfin un aventurier, moins pleurnichard, plus téméraire. Et on sent qu'il commence à y prendre goût, notre petit bonhomme ! Et c'est avec une véritable furie guerrière qu'il pourfend ces créatures sournoises.

Il se révèle en héros, parce qu'il décide de s'en prendre à une colonie entière d'araignées pour sauver ses amis condamnés à une mort certaine. Il fait passer les autres avant lui, il fait ce qui doit être fait sans rien attendre en retour.
« Un hobbit qui dissimule bien plus qu'il n'y paraît. » comme l'a prédit un vieux Mage.

Cette aventure dans la forêt noire est donc un artifice classique à travers lequel le personnage central affronte une créature monstrueuse dans un endroit sombre et devient un héros.
C'est la représentation imagée de la propre quête intérieure du héros : comment celui-ci affronte ses pires peurs pour se révéler à lui-même.

Eärwen & Eleglin

Pour approfondir cette lecture...

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  • Sujet de lecture du Chapitre 8
    Sont développés sur ce sujet d'autres points intéressants tels que :
    • Pourquoi les araignées parlent-elles ?
    • Quel est la nature de l'enchantement des sources et des rivières de la Fôret ?
    • Les Elfes disparaissent-ils par magie ?

Sources et articles à consulter :

  • Les Mondes Magiques du Seigneur des Anneaux, par David Colbert, HarperCollins, 2002 ( le Pré aux Clercs pour la traduction française, 2004 ).
    • Quel monstre attaqua Tolkien ?
  • L'Univers de Tolkien, par David Day, Octopus, 2003.
    • Grandes Araignées - régions obscures.
    • Terres des Elfes.

Bonne lecture !

dans la forêt © Wyatt