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Les Langues de l'Œuvre de Tolkien

Le sindarin

par Edhelwen (F.G.)
mise à jour : 04.08.2008
Citation :

The living language of the Western Elves (Sindarin or Grey-elven) is the one usually met, especially in names. This is derived from an origin common to it and Quenya ; but the changes have been deliberately devised to give it a linguistic character very like (though not identical with) British-Welsh.


La langue en usage chez les Elfes occidentaux (sindarin, ou gris-elfique) est celle que l'on rencontre le plus souvent, en particulier dans les noms propres. Elle a une origine commune avec le quenya ; mais des changements ont été volontairement opérés pour lui donner un caractère linguistique très semblable (mais pas identique) au gallo-britannique.

J.R.R.Tolkien, The Letters, n°144, lettre adressée à Naomi Mitchison.

Plan de l'article

Introduction : Qu'est-ce-que le sindarin ?

Le sindarin est appellé « langue noble », « langue des Elfes-Gris », « gris-elfique », « langue du Beleriand », et dans le Seigneur des Anneaux tout simplement « la langue elfique ». Le sindarin est la langue eldarine la plus courante dans le Seigneur des Anneaux, et elle servit notamment à former la majorité des noms elfiques qui y apparaissent.

1 - Origines de la langue

A - Origines en Terre du Milieu

NdA: Pour plus de précisions, consulter l'article d'Ancalimë : Introduction sur les langues de l'œuvre de Tolkien.

Après l'éveil des Elfes en Terre du Milieu, les Vanyar et les Noldor partirent pour Valinor, où ils vécurent très longtemps. Leur langue fut le quenya. Les Teleri, eux, tardèrent à partir pour Valinor. Beaucoup d'entre eux restèrent en Terre du Milieu, dont les Sindar, peuple qui s'établit à Beleriand, sur les rives de la Grande Mer et surtout dans le centre du Beleriand. Sur ce peuple régnait Thingol au Gris Manteau, depuis Menegroth. Leur langue était appelée le sindarin. Près de 3500 ans plus tard, les Noldor revinrent en Terre du Milieu, et ils adoptèrent peu à peu le sindarin.

B - Origines externes

Tolkien indique : « la langue vivante des Elfes de l'Ouest (sindarin ou gris-elfique) dérive d'une origine commune avec le quenya, mais des changements y ont été délibérément apportés pour lui donner un caractère linguistique très similaire (bien que non identique) au gallois : parce que ce caractère, parmi divers modes linguistiques, est un de ceux que je trouve particulièrement attrayants, et parce qu'il semble bien s'accorder avec le type quelque peu "celtique" des légendes et des histoires racontées par ses locuteurs ».

2 - Evolution de la langue

A - Dialectes du Premier Âge

Au Premier Âge, différents dialectes du sindarin étaient parlés par les Sindar : la langue archaïque de Doriath, le dialecte occidental des Falathrim ou « gens du rivage », et le dialecte nordique des Mithrim.
Il est impossible de savoir lequel de ces dialectes fut la base du sindarin parlé aux cours des âges suivants, mais l'hypothèse la plus plausible est celle du dialecte des Falathrim, car Doriath fut détruite et le sindarin du Nord (peu connu) semble différer du sindarin parlé plus tard.

B - Le sindarin à travers les âges

Durant le Premier Âge

D'abord, les Noldor et les Sindar eurent du mal à se comprendre, leurs langues étaient devenues très éloignées après leur si longue séparation. Cependant, alors que les Sindar peinaient à maîtriser le quenya, les Noldor apprirent rapidement le sindarin, et traduisirent même leurs noms quenya en sindarin. Par exemple, Altáriel, noble entre tous les Noldor, devint Galadriel. Le quenya ne fut donc plus parlé par les Noldor, excepté comme « langue de cérémonie », ou par les ménestrels et chroniqueurs. Le sindarin devint donc la seule langue parlée dans le royaume de Beleriand, et la plus répandue.
L'évènement qui est principalement à l'origine de l'abandon du quenya en terre du Milieu est son bannissement par Thingol (considéré comme Roi du Beleriand), ceci après qu'il eut pris connaissance du Massacre d'Alqualondë.

Durant le Second et Troisième Âge

Durant ces âges, le sindarin se répandit en Terre du Milieu, notamment vers l'Est, où elle supplanta certaines des langues sylvaines (parlées par les peuples des bois et forêts). Vers la fin du Troisième Âge, les deux régions sylvaines importantes lors de la Guerre de l'Anneau (la Lórien et le royaume de Thranduil à la Forêt Noire) avaient adopté le sindarin. Il semble qu'existait un « accent » dans le sindarin des gens de la forêt. Le sindarin « pur », sans accent, était parlé à Fondcombe et aux Havres, par le peuple de Círdan. Certains hommes parlaient aussi le sindarin durant ces âges. Au Gondor, c'était une langue noble, utilisée par les descendants des Numénoréens (Dúnedain).

Durant le Quatrième Âge...

Il nous sera impossible de savoir ce qui advint du sindarin lors du Quatrième Âge, celui qui commença après la Guerre de l'Anneau, le règne des hommes en Terre du Milieu débutant, les Elfes partis. On peut supposer que le souvenir du sindarin et du quenya fut gardé tant que perdura le royaume réuni du Gondor et de l’Arnor.

3 - Petit corpus de sindarin

Chant :

§ Le célèbre chant à Elbereth, chanté à Fondcombe dans le chapitre 1 du livre II de « La Communauté de l'Anneaux », est en sindarin :

« A Elbereth Gilthoniel
Silivren penna miriel
O menel aglar elenath !
Na-chaered palan-díriel
O galadhremmin ennorath,
Fanuilos le linnathon
Nef aear, sí nef aearon.


Ce chant signifie grossièrement « Ô Elbereth, Enflammeuse d'étoiles, scintillante, étincelante comme des joyaux, l'éclat de la foule étoilée décline ! Ayant regardé au loin depuis les régions emmaillées d'arbres de la Terre du Milieu, c'est pour toi, Toujours blanche, que je chanterai, de ce côté de la mer, ici de ce côté de l'océan. »

Incantations :

§ L'invocation au feu de Gandalf (chapitre 4, livre II de « La Communauté de l'Anneau »)
« Naur an edraith ammen ! Naur dan i ngaurhoth »
signifie littéralement « Que le feu soit, pour notre salut ! »

§ L'incantation de Gandalf devant les portes de la Moria (même chapitre) :
« Annon edhellen, edro hi ammen ! Fennas nogothrim, lasto beth lammen ! »
signifie « Porte elfique, ouvre toi maintenant pour nous ! Porte des Nains, écoute les paroles de ma langue ».

§ Le cri de Sam à Cirith Ungol :
« A Elbereth Gilthoniel o menel palan-diriel, le nallon sí di-nguruthos ! A tiro nin, Fanuilos ! »
est traduit par : « Ô Elbereth Enflammeuse d'étoiles, qui regarde du ciel au loin, c'est vers toi maintenant que je crie à l'ombre de la mort. Ô regarde vers moi, Toujours blanche ! »

Paroles :

§ Glorfindel, avant le passage du gué de Bruinen, salue Aragorn en ces mots :
"Ai na vedui Dúnadan ! Mae govannen !"
La première phrase doit signifier : « Ah enfin, Homme de l'Ouest ! », et « Mae govannen » signifie « Heureuse rencontre ».

§ Glorfindel, quelques temps plus tard dans le récit, crie à son cheval Asfaloth :
« Noro lim, noro lim, Asfaloth ! »,
qui doit signifier "galope vite, galope vite, Asfaloth !"

§ Le linnod de Gilraen à Aragorn (présent dans les appendices) :
"Ónen i-Estel Edain, ú-chebin estel anim"
est traduit par : « J'ai donné l'Espoir aux Dunedain, je n'ai pas gardé d'espoir pour moi-même ».

§ Les louanges à Frodo et Sam dans le chapitre 4 du livre VI :
« Cuio i Pheriain anann ! Aglar'ni Pheriannath ! ... Daur a Berhael, Conin en Annûn, eglerio ! ... Eglerio ! »
signifient « Que vivent longtemps les Semi-hommes ! Gloire aux Semi-hommes ! ...Frodo et Sam, princes de l'Ouest, glorifiez les !... Glorifiez les ! ».

4 - Eléments de prononciation

A - Prononciation des consonnes

§ La consonne C est toujours prononcée « K ». Par exemple, Celeborn se prononce « Keleborn ».
§ Les R sont roulés, mais doucement (comme en espagnol, un « r » roulé peut devenir un son très sourd, presque voisin du « L »).
§ Le CH ne se prononce par « tch » mais bien « ch ».
§ Le TH (elenath) se prononce comme dans l'anglais « author »
§ Le DH (Galadhon) se prononce comme dans l'anglais « the »
§ La consonne F à la fin d'un mot se prononce « V », comme le mot anglais « of » est dit « ov ».

B - Prononciation des voyelles

§ Le Y se prononce comme le U français dans « lune »
§ Les voyelles longues sont accentuées (accent aigu).
§ Les associations de voyelles sont nombreuses : ai, ei, ui, au, ae, oe, ...
Elles se prononcent toutes en diphtongue, c'est à dire en prononcant les deux lettres séparément. Exemple : « teithant » se prononce « te-ithant » et non « tethant »

Voilà, j'espère que ça vous a plu et que c'était assez clair, je voudrais juste préciser que je me suis aidée de différentes sources, entre autres bien sûr des appendices du Seigneur des Anneaux et du Silmarillion, et aussi du travail de Helge A. Fauskanger sur Ardalambion...
Merci de m'avoir lue.
Fanette

Texte préexistant revu et corrigé par Aravanessë.

Haldir © Krystal Camprubi