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Les principaux Lieux présentés

Isengard

Signification : "Enceinte de fer" (rohanais)
En sindarin : Angrenost
Article illustré par une peinture de John Howe

Orthanc © John Howe
par Eleglin (Y.H.)
mise à jour : 10.08.2008
Citation :

A strong place and wonderful was Isengard, and long it had been beautiful; and there great lords had dwelt, the wardens of Gondor upon the West, and wise men that watched the stars. But Saruman had slowly shaped it to his shifting purposes, and made it better, as he thought, being deceived - for all those arts and subtle devices, for he forsook his former wisdom, and which fondly he imagined his own, came but from Mordor (...).


Isengard était une étrange place forte, et elle avait longtemps été belle ; là avaient résidé de grands seigneurs, les gardiens du Gondor à l’Ouest, et des sages qui observaient les étoiles. Mais Saruman l’avait lentement adaptée à ses desseins mouvants et, à son idée, bien qu’il s’abusât améliorée ­ car tous ces artifices et dispositifs ingénieux, pour lesquels il abandonnait sa sagesse antérieure, et qu’il se plaisait à imaginer siens, ne venaient que du Mordor (...).

J.R.R.Tolkien, The Lord of the Rings / Le Seigneur des Anneaux, Book / Livre 3, Chap. 8.

Plan de l'article

1 - Description

Isengard était une formidable forteresse destinée à protéger l'accès entre les Montagnes Blanches et les Monts Brumeux, près de l'Isen. Entourée d'une puissante enceinte naturelle que l'on nomme Isengard se dressait en son centre Orthanc, une tour inexpugnable bâtie avec une pierre noire invulnérable. La forteresse avait été élevée par les Númenóréens au Second Âge. Lorsque les Hommes du Gondor en prirent possession, ils déposèrent à Orthanc l'un des palantíri.

2 - Géographie

Isengard se dressait au sud des Monts Brumeux, dans la vallée nommée Nan Curunír ("Vallée de Curunír" en sindarin, aussi appellée "Vallée du Mage"). Cette vallée abritée se trouvait au pied du Methedras et était uniquement ouverte au sud vers la Trouée du Rohan. Le Royaume du Rohan s'étendait à l'Est de cette Trouée, bordé au Nord par la forêt de Fangorn.
Isengard permettait de contrôler la frontière occidentale et la ligne de défense de l'Isen, et les Rois du Gondor en avaient toujours eu conscience. À peu de distance de sa source, l'Isen baignait les murailles est du cercle mais était encore peu puissant à cet endroit.

Un grand mur circulaire entourait la place, se détachant du flanc de la montagne pour le rejoindre plus loin. Cette puissante muraille ne comportait qu'une seule ouverture au Sud, sous la forme d'une arche creusée dans le roc noir et fermé à chaque extrémité du tunnel par de solides portes. Le cercle d'Isengard faisait près d'un mille d'un bord à l'autre.
Au centre de la place, quatre piliers de pierre à plusieurs côtés étaient soudés par un seul au sommet, s'ouvrant en cornes écartées à cinq cents pieds au-dessus de la plaine.

La forteresse était suffisamment proche des Gués et de la forteresse d'Aglarond pour que le dispositif fasse rempart devant toute attaque venant de l'Ouest, à condition bien sûr que les murailles et la garnison fussent convenablement entretenues.
Par la suite, il s'avéra que l'Isengard devint un point faible du dispositif de défense de l'Ouest, lors de la décadence du Gondor.

3 - Histoire

En 2510 (T.Â.), Círion donna à Éorl les terres formant le Calenardhon mais conserva la forteresse d'Isengard, bien qu'isolée du reste du Gondor. La tour d'Orthanc fut fermée et ses clés remisées à Minas Tirith. Cependant, la garnision postée à Isengard n'avait que très peu de contact avec le Gondor, et finit même par ne plus en avoir aucun.

Délaissée, la Tour fut prise par les Hommes de Dûn en 2700, et les Rohirrim la libérèrent quelques années plus tard, en 2759. Les clés d'Orthanc furent finalement confiées par Beren à Saruman, de retour de son expédition dans l'Est lointain. Il fortifia la forteresse et en fit plus tard son propre bien. Saruman, qui n'était pas encore totalement mauvais, utilisa la pierre à mauvais escient et tomba sous l'influence de Sauron.

Lors de la Guerre de l'Anneau, Saruman fut responsable de la déforestation progressive de Fangorn et éleva une puissante armée en Isengard et la lança contre les Rohirrim. Finalement vaincu par les Ents, Saruman dut remettre les clés de la forteresse à Sylvebarbe qui les rendit à leur propriétaire légitime, le Roi du Gondor.

Note

La note suivante concernant Isengard est comprise dans le Guide to the names rédigé par J.R.R. Tolkien afin de faciliter le travail des traducteurs. Vous pouvez la consulter dans A Tolkien Compass (Jared Lobdell) et A Reader's Companion (Wayne. G. Hammond et Christina Scull) :

Isengard and Isenmouthe. These names were intended to represent translations into the Common Speech of the Elvish names Angrenost and Carach Angren, but ones made at so early a date that at the period of the tale they had become archaic in form and their original meanings were obscured. They can therefore be left unchanged, though translation (of one or both elements in either name) would be suitable, and I think desirable when the language of translation is Germanic, possessing related elements.
Isen is an old variant form in English of iron; gard a Germanic word meaning 'enclosure', especially one round a dwelling or group of buildings; and mouthe a derivative of mouth, representing Old English mūða (from mūð 'mouth') 'an opening', especially used of the mouths of rivers, but also applied to other openings (not parts of a body). Isengard 'the Iron-court' was so called because of the great hardness of the stone in that place and especially in the central tower. The Isenmouthe was so called because of the great fence of pointed iron posts that closed the gap leading into Udûn, like teeth in jaws (see III 197, 209).
In the Dutch and Swedish versions Isengard is left unchanged. For Isenmouthe the Dutch uses Isenmonde, translating or assimilating to Dutch only the second element (a more complete translation to Ijzermonde would seem to me better). The Swedish renders it Isensgap, which is incorrect, since Isen is not a proper name but adjectival.
The gard element appears in Old Norse garðr, whence current or dialectal Swedish gård, Danish gaard, andEnglish garth (beside the original English form yard); this, though usually of more lowly associations (as English farmyard), appears for instance in Old Norse As-garðr, now widely known as Asgard in mythology. The word was early lost in German, except in Old High German mittin- or mittil-gart (the inhabited lands of Men) = Old Norse mið-garðr, and Old English middan-geard: see Middle-earth. Would not this old element in German form -gart be suitable for a translation or assimilation to German such as Eisengart?
Of -mouthe the German equivalent appears to be Mün-dung (or in place-names -munde); in Scandinavian, Danish munding, Swedish mynning.
Note. Whatever form is used in Isengard must also be used in the name of the River Isen, since the river-name was derived from Isengard, in which it had its source.

[ Isengard and Isenmouthe. Ces noms étaient censés représenter des traductions en langue commune des noms elfiques Angrenost et Carach Angren, mais ces dernières apparurent à une date si ancienne qu’au moment où le conte fut écrit elles étaient devenues archaïques de par leur forme, et leur sens originel se perdit. Elles peuvent donc être laissées ainsi bien qu'une traduction (d'un ou des deux éléments composant chaque nom) serait appropriée voire même souhaitable, quand la langue de traduction est germanique, comprenant les elements apparentés.
Isen est une ancienne variante de l'anglais iron; gard est un mot allemand signifiant 'enceinte', et en particulier celle encerclant un logis ou un groupe de bâtiments; et mouthe un dérivé de mouth, représentant le vieil anglais mūða (de mūð 'bouche') 'une ouverture', utilisé plus précisément pour les embouchures des fleuves, mais appliqué également à d'autres ouvertures (autres que celles du corps). Isengard 'le Cercle-de-Fer' était ainsi nommé en raison de la grande dureté de la pierre en cet endroit et en particulier celle constituant la tour centrale. Isenmouthe était ainsi nommé en raison de la grande palissade de pieux de fer qui encerclait la trouée menant à Udûn, à l'image des crocs dans des mâchoires (cf. III 197, 209).
Dans les versions danoises et suédoises, Isengard demeure inchangé. Pour Isenmouthe le danois emploie Isenmonde, mais seul le second élément est traduit ou assimilé à cette langue (une traduction plus complète en Ijzermonde me semblerait plus appropriée). Le suédois en rend compte par le mot Isensgap, ce qui est incorrect, puisque Isen n'est pas un nom propre mais un adjectif.
L'élément gard apparait dans le vieux norrois garðr, d'où le terme courant ou dialectal gård en suédois, gaard en danois, et garth en anglais (parallèlement à la forme d'origine du mot anglais yard); ce dernier bien qu' étant habituellement associé de façon plus modeste à d'autres mots (comme farmyard en anglais), et apparaît par exemple dans le vieux norrois As-garðr, qui est à présent plus largement connu sous la forme Asgard dans la mythologie. Ce mot fut perdu très tôt en allemand, sauf dans le terme mittin- or mittil-gart qui existe en vieil haut allemand (et désigne les terres inhabitées des Hommes) = mið-garðr en vieux norrois, et middan-geard en vieil anglais : cf. Middle-earth. Ce vieil élément sous sa forme germanique -gart ne serait-il pas approprié pour une traduction ou une assimilation avec un autre terme allemand tel qu' Eisengart ?
En ce qui concerne -mouthe l'équivalent allemand semble être Mün-dung (ou dans les noms de lieux -munde); en scandinave, munding en danois, mynning en suédois.
Note. Quelle que soit la forme utilisée pour Isengard, elle devra également apparaître dans le nom de la "River Isen", étant donné que le nom de la rivière vient d'Isengard, où celle-ci prend sa source.
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J.R.R. Tolkien, Guide to the Names.