Les Archives de Gondor » Tolkien & le Cycle de l'Anneau » Biographie de Tolkien (4/4)
J.R.R. Tolkien, le créateur de la Terre du Milieu

Biographie (4/4)

par Eleglin (Y.H.).
mise à jour : 04.08.2008

Plan de l'article

Aller à la page: [1], [2], [3], [4]

La Terre du Milieu

La Terre du Milieu est une vision pluraliste; elle présente de nombreuses races, de nombreuses cultures, des centaines de personnages qui se battent soit pour le bien soit pour le mal. Frodo n'est pas seul, il a des amis qui luttent à ses côtés et viennent le soutenir dans sa quête. Sans eux, il échouerait. On ne peut vaincre seul, on a toujours besoin des autres. Il n'y a pas d'héroïsme solitaire !

Le combat entre le Bien et le Mal est une lutte sans merci pour préserver les valeurs d'un monde en danger. Pour décrire le Mal, Tolkien a recours à des artifices nouveaux. Les Cavaliers Noirs, les Ringswraiths réinventent l'idée du Mal. Le terme Wraith est à rapprocher d'autres mots, presque homophones, comme Wrath ("la colère"), Wreathe ("une volute") ou le verbe Writhe ("se tordre de convulsions")... Tout cela pour montrer qu'un spectre se définit plus par sa forme que par sa consistance. Le Mal est une vacuité morale, une absence de vie indépendante. Les agents du mal sont des êtres normaux. Tolkien qui a connu deux guerres mondiales et qui a combattu en 1916 sait que des atrocités ont été commises dans chacun des camps, même dans le sien. Il a été témoin du carnage qu'a été la bataille de la Somme. Le mal est devenu impersonnel, comme si personne ne voulait le faire! Les plus grandes atrocités de l'Histoire de l'Humanité on été commises au XXème siècle; des massacres à distance commandités par des bureaucrates. Ils n'ont aucune notion du Bien ou du Mal, ce n'est qu'un simple travail pour eux; ce sont eux, les Cavaliers Noirs. Même quelqu'un doué de bonnes intentions peut basculer du côté obscur. Au début, on veut le pouvoir pour faire le bien, puis ça déraille, on ne contrôle plus rien; les bonnes intentions s'effacent et laissent place au Mal.

Dans cette optique, l'Anneau apporte une autre réflexion complémentaire. Quand Gandalf demande l'Anneau à Frodo, il a l'impression qu'il pèse une tonne. Est-ce Frodo ou l'Anneau qui répugne à ce geste. Si c'est Frodo, c'est son inconscient qui alourdit l'Anneau et l'empêche de le rendre, la source du mal est interne. Si c'est l'Anneau qui se fait lourd, la source est externe; il agit comme une puissance extérieure. Où est le problème? N'importe qui peut le prendre. Mais chaque page du livre nous prouve le contraire. L'Anneau peut être vu comme un amplificateur qui accentue vos problèmes et vos faiblesses; il crée une dépendance. Son pouvoir corrompt tous ceux qui le convoitent et il les détruit; il conduit Isildur à la mort, il pousse Sméagol au meurtre, il crée le sinistre Gollum. Frodo est lié à l'Anneau, Gollum l'est profondément, il attire les Ombres à lui. Tous dépendent de cet objet !

Doit-on y retrouver la méfiance de Tolkien vis-è-vis de la technologie? On sait qu'il considérait le moteur à explosion comme l'invention la plus diabolique de notre temps. Elle a permis à la ville de s'agrandir; pieuvre tentaculaire, elle grignote les collines verdoyantes, met à mal la nature, menace l'équilibre. Un phénomène qui s'accélère. la technologie crée un état de dépendance; elle est attrayante, enivrante, on ne peut s'en passer. Et quand la machine s'emballe, rien ne va plus, c'est la catastrophe !

Face au mal ou à la technologie, Tolkien oppose la Terre du Milieu; la nature devient un personnage à part entière; les Ents sont les porte-paroles d'une monde menacé. Ils luttent contre Saruman. L'Isengard qui détruit les forêts pour alimenter ses hauts fourneaux, creuse des puits et qui dégage des noires fumées ne représente t-il pas la folie de l'ère industrielle ? Tolkien était farouchement opposé à une maîtrise de la nature tournée vers la domination. Il ne voyait pas la nature comme une source de richesses à piller. La technologie est un fléau pour la planète. En ce sens, la pensée de Tolkien devient de plus en plus pertinente.

Dès 1996, Peter Jackson, avec un budget de 270 millions de dollars, tente de réussir au cinéma là où Ralph Bakshi avait échoué en dessin animé. Il entreprend l'adaptation sur grand écran du livre de Tolkien, le Seigneur des Anneaux. Entre noël 2001 et noël 2003, trois films sortiront en salles comme suit : la Communauté de l'Anneau (2001), les Deux Tours (2002), Le Retour du Roi (2003). Peter Jackson saura t-il transposer au cinéma les grands thèmes qui ont fait le succès des romans? Une chose est certaine: si la trilogie de J.R.R. Tolkien a été l'évènement littéraire du XXème siècle, la trilogie de Peter Jackson risque bien de devenir l'évènement cinématographique du XXIème siècle...

Sources:

  • DVD bonus de La Communauté de l'Anneau (V.L.) : J.R.R.Tolkien, le créateur de la Terre du Milieu.
  • Faeries Hors série 1, Nestiveqnen Éditions, 2002, ISSN : 1625-8223.

Logo de J.R.R. Tolkien